Si vous venez du Sud, vous découvrirez soudain à un détour de la route cette petite ville dont le nom (transcrit aussi en Chaouén, Chefchaouén, Xaurén vient d’un mot berbère signifiant «les cornes », surnom donné à la montagne qui la domine) avec ses maisons étagées, blanc et ocre, ses innombrables petites fenêtres encadrées de clair, ses toits de tuiles rondes et rousses, qui en font un lieu apprécié par les peintres. La beauté de son site est liée au contraste entre la nudité de la paroi calcaire qui se dresse au-dessus de la ville, et de la campagne verdoyante qu’irrigue l’oued Laou bordé de Lauriers-roses. C’est avant tout un lieu idéal pour se livrer à une flânerie des plus agréables dans les ruelles accidentées de la médina aux murs chaulés d’un blanc éblouissant tirant sur le bleu.
LA SITUATION 31410 habitants (les Chaounis) Située légèrement en retrait de la route du Rif. Chefchaouén se trouve à 64 km au Sud de Tetouan et à 121 km au Sud-Est de Tanger. On accède à la petite cité moderne par la place Mohamed V circulaire avant d’entrer dans la ville cernée de murailles par l’avenue Hassan II et la porte Bab-al-Ain. Parking ombragé devant l’hôtel Parador sur la place Al Majzen. Vous pouvez poursuivre votre voyage en visitant : au sud, OUAZZANE (60 km), au Nord de la Cote du PAYS RHOMARA, TETOUAN (64 km) et CEUTA (102 km) ; au Nord-Ouest, TANGER (120 km)
COMPRENDRE Un bastion de la foi – Conçue comme une place forte, Chefchaouén, fondée à la fin du 15é s. par le chérif Moulay Ali Ibn Rachid, défendait l’intérieur du pays contre les Portugais et les Espagnoles qui avaient pris pied sur la cote. Refuge des musulmans qui quittaient l’Espagne pour fuir la reconquête des Rois Catholiques, elle accueillit, dés l’époque de sa création, de nombreux réfugiés andalous, ce qui lui valut son surnom de « Petite Grenade » ; d’autres musulmans, expulsés d’Andalousie, de Catalogne et de Murcie, vinrent au début du 17é s. grossir cette colonie d’ardents défenseurs de l’islam. Très longtemps, la cité, parsemée de nombreuses mosquées, resta fermée aux Européens. Seul Charles de Foucauld réussit à s’y pénétrer en 1883, au cours de sa fameuse « Reconnaissance à travers le Maroc ; encore dut-il se fait passer pour juif et n’y fit-il étape d’une nuit. En octobre 1920, les Espagnols faisaient leur entrée à Chefchaouen, comprise dans leur zone d’influence, ils en furent provisoirement chassés par le chef du soulèvement rifain, Abd el-Krim, lorsque celui-ci soumit le pays Jebala. En 1956, la ville fut rendue au royaume chérifien.
SE PROMENER • PLACE AL-MAJZEN C’est à cette place qu’aboutit la charmante rue Hassan II qui contourne la vieille ville par le Sud. Avec son fond tapissé de minuscules boutiques que surmonte tout un étagement de murs en pierre ocre, avec ses marches, et ses arbrisseaux plantés très droits ou recourbés en arceaux, elle fait penser à quelque décor de théâtre. La sobre masse carrée d’un minaret, auquel des créneaux et un haut lanternon font une fine couronne blanche, équilibre ce paysage bien composé.
• PLACE UTA-EL-HAMMAM Allongée, de forme irrégulière, cette place ombragée de platanes, dominée par un imposant décor de montagnes est bordée d’un coté par de minuscules boutiques, de l’autre par la Grande Mosquée – qui possède un remarquable minaret octogonal finement décoré – et les vieilles murailles rongées de la kasbah. Dans une ruelle qui dévale vers l’entrée de la place (la rue Al-Andalous), un arc brisé outrepassé s’ouvre sur un caravansérail : remarquez la cour carrée entourée d’arcades et les petites cellules du 1er étage.
• KASBAH A l’intérieur de cette forteresse d’aspect européen, et dont les murs rougeâtres sont surmontés de créneaux effrités, des jardins plantés d’immenses palmiers, de figuiers, de rosiers et de fleurs, constituent au sortir de la place une oasis de tranquillité. Un petit musée où sont exposées des chaises à mariées et des instruments de musique andalouse, et une bibliothèque, sont installés dans la tour. Dans le premier jardin, sous une tour à droite, s’ouvre l’entrée des anciennes prisons ; on voit encore, suspendus de loin en loin à une chaîne qui court le long du mur, les colliers que l’on passait au cou des prisonniers.
• MEDINA En sortant de la kasbah, prendre à gauche pour gagner le fond de la place Uta-el-Hammam et, laissant à gauche une ruelle en descente qui contourne la grande mosquée, emprunter la rue qui prend naissance dans l’axe de la place et poursuivre l’itinéraire indiqué sur le plan. Il faut prendre le temps de flâner dans cette médina qui ne ressemble à aucune autre. Sur les murs des maisons d’un ocre soutenu, peints à la chaux jusqu’à hauteur d’homme dans des tons très légers, le blanc, les verts, les bleus et les mauves se marient en un extraordinaire fondu de couleurs qui de loin donne à la ville un curieux reflet bleuté. Cet enduit, renouvelé plusieurs fois dans l’année, à pour but d’éloigner les mouches et de servir de protection contre la chaleur et la luminosité. Les ruelles, souvent en escalier ou coupées de paliers, se rétrécissent, s’élargissent, zigzaguent, formant d’innombrables recoins et impasses (les derbs) au gré des maisons rarement alignées. De loin en loin surgissent des minarets, carrés et massifs dans la nudité de leur pierre ocre ou grise, ou polygonaux, peints en blanc et délicatement décorés d’entrelacs. Les réfugiés andalous ont marqué cette ville de leur empreinte. Des arcs polylobes enjambent les ruelles ; les arcades ou même de véritables porches précédents les portes, souvent cloutées ; des corniches à rassauts soutiennent les auvents. Les fenêtres se parent de grilles en fer forgé peintes. La moindre fontaine est tapissée de zelliges, ou colorée de bleu vif ou de rouge foncé sur lequel se détache une blanche décoration en lambrequins.
• SOUK Il se tient à l’entrée de la ville, lorsqu’on vient de Ouazzane, et connaît une animation toute particulière. Tôt le matin, la ville commence à vivre ; une foule colorée prend possession de la place : paysannes et montagnardes dans leurs costumes rifains, citadines voilées drapées de blanc, hommes et jeunes gens revêtus de djellaba écrue en été, brune en hiver. Vers 11h, le souk bat son plein.
ALENTOURS • POINT DE VUE 3 km au Nord. Sortir de Chefchaouén par la place Mohamed V et la rue Allal-al-Fassi, puis suivre les panneaux. Au terminus de la route en forte montée se dresse l’hôtel Asmaa construit au bord de la plate-forme surplombant la ville, et de la terrasse duquel on découvre une large vue Chefchaouén et le pays Jebala
• RAS EL MA 3 km. Sortir de Chefchaouén par la route d’Ouazzane. Environ 400m après avoir franchi un petit pont, tourner à gauche. La route d’accès à cette source offre, au fur et à mesure qu’elle s’élève, des vues de plus en plus rapprochées sur Chefchaouén et finit par très légèrement s’enfoncer dans la gorge à l’entrée de laquelle sont construites les dernières maisons de la ville. Après avoir gravi quelques marches, puis tourné à droite, vous arriverez au pied de la source vauclusienne à laquelle les jardins de Chefchaouén doivent leur fertilité. A sa résurgence, le torrent dévale en cascade sur d’énormes rochers. Des petits cafés se sont installés dans ce site ombragé. |